Le temps d’une évasion nautique
Rencontre avec nos heureux propriétaires

Depuis bientôt 15 ans, l’agence d’architecture Vincent Lebailly Yacht Design a eu la chance de travailler sur de nombreuses conceptions, des unités parfois sur-mesure, adaptées aux envies et attentes de chacun de nos clients. C’est aujourd’hui des dizaines de propriétaires que nous avons accompagnés et conseillés pour réaliser le projet de leur vie : la construction de leur bateau. Rencontre avec nos heureux propriétaires

À travers cette série d’articles, nous irons à la rencontre de ces heureux propriétaires. Ils sont allés au bout de leur rêve et aujourd’hui sillonnent les mers en quête de nouvelles aventures. C’est particulièrement leur vision de la navigation, la narration de leurs aventures passées et futures que nous allons ici relater.

Comme des amis avec qui nous reprenons contact après quelques années, nous avons voulus recueillir de leurs nouvelles. Car aujourd’hui ces navires sont sortis des quatre murs des chantiers et ont pris le large, certains pour des folles aventures comme un petit tour à travers le monde. Ces propriétaires que nous avons suivis tout au long de leur projet avaient tous un point commun : un rêve en tête et des envies d’évasion et de découvertes.

Première mise à l’eau du DG52′, mars 2023

Comme le premier chapitre d’un roman d’aventures, nous avons eu la chance de revoir Denis et Martine, propriétaires de MARJAN IV, notre DG 52‘, un superbe et majestueux voilier en aluminium de 17 mètres de long. La mise à l’eau a eu lieu en mars 2023,  c’est seulement quelques semaines après que Denis et Martine sont partis du port de Ouistreham en quête de nouveaux horizons. De retour de leur tout premier périple sur les mers de la Manche, de l’Atlantique puis de la Méditerranée, ils ont accepté de tout nous raconter.

I- Découverte tardive de la voile pour ces jeunes retraités
II- L’émergence du projet
III- Un beau navire en aluminium
IV- Les premiers pas sur la mer
V- Des leçons à retenir
VI- La découvert d’endroits exceptionnels
VII- Le retour à la maison
VIII- Et après ?
IX- Un petit mot pour la fin

I- Découverte tardive de la voile pour ces jeunes retraités

Denis : Il faut savoir que me suis mis à la voile tardivement. Tout d’abord au dériveur de plage à l’âge de 38 ans. Puis je voyais au loin des bateaux sortir du port, et petit à petit une profonde envie d’avoir mon propre bateau a émergé. Donc à 50 ans, nous avons acheté notre tout premier bateau, un Océanis 323. Puis quelques années plus tard, en 2010, nous sommes passés sur un Dufour 365. Pendant toute cette période, nous ne faisions que traverser la Manche, en restant « dans le coin », principalement par manque de temps. Mais malgré une réelle expérience de navigation qui s’est créée au fil des années, cela restait tout de même assez limité. Parce que savoir naviguer dans la Manche ne veut pas dire que l’on sait naviguer partout. Alors progressivement ce rêve de partir loin et longtemps s’est immiscé dans mon esprit. Car se retrouver au milieu d’un désert marin, c’est une expérience unique et profondément paradoxale. On se retrouve enfermé dans une coque plus ou moins grande, d’une dizaine de mètre carrés et pourtant on arrive à ressentir une impression de liberté infinie.

Martine : Pour ma part, j’aime plus mon mari que le bateau et c’est pour cette raison que je l’ai suivi dans cette folle aventure. Mais j’apprécie beaucoup cette vie sur un voilier. Au fil des années et de nos différents voyages, je me suis parfois retrouvée dans des situations extrêmement inconfortables. La Manche peut devenir, même en plein été, un terrain de navigation glacial que j’avais beaucoup de mal à supporter. C’est notamment pour cette raison que Denis est souvent parti seul. Mais malgré tout, cette idée de partir loin et plus longtemps m’attirait. Ma seule exigence était le soleil. Et pour le coup, j’ai été servie car nous avons eu extrêmement chaud lors de notre premier voyage avec MARJAN IV.

vincentlebailly yacht design

Vincent lebailly yacht design

II- L’émergence du projet

Martine : Nous souhaitions trouver un autre bateau après notre Dufour. Et nous avions déjà repéré des bateaux qui nous plaisaient bien. Mais Denis étant un passionné de piano, il était tenté par l’idée d’en avoir un dans son propre voilier. Peut-être que s’il n’avait pas voulu de piano, nous nous serions dirigés sur un bateau de série.

Denis : En plus de cette envie d’avoir un piano, on commençait d’ores et déjà à penser à l’aluminium. Parce que plus on navigue, plus on expose son bateau à divers coups, traces et frottements. L’avantage principal de l’aluminium c’est le fait que c’est un matériau robuste. Et puis nous avions aussi cette volonté d’avoir un poste de veille intérieur afin de pouvoir naviguer paisiblement, sans avoir continuellement froid.

Martine : Oui et puis l’aluminium ça fait son petit effet ! À nos arrivées dans les ports, on était souvent remarqués. D’autant plus que nous avons assumés ce choix jusqu’au bout, en gardant cette belle couleur grise de l’aluminium non peint.

III- Un beau navire en aluminium

Martine et Denis : Pas facile de décrire notre bateau en quelques mots. Il est beau. Non c’est vrai c’est un beau bateau. Il est aussi très rapide quand il est lancé. Il y a certaines allures où nous avons été étonnés de voir la vitesse qu’il pouvait atteindre. Et puis comme c’est un bateau assez lourd, il est stable, ce qui est profitable au quotidien. Globalement c’est un bateau très confortable dans lequel on vit bien et confortablement, un peu comme une maison secondaire. Il y a peut-être un reproche que je pourrais faire c’est que le moteur est assez bruyant, mais c’est en grande partie à cause de l’aluminium qui fait caisse de résonance. En tout cas, notre bateau c’est vraiment un super aboutissement, une sorte de rêve qui s’exprime et qui se réalise enfin.

IV- Les premiers pas sur la mer puis le GRAND départ sign

Martine : J’ai été très émue lors de la mise à l’eau. Cela faisait tellement longtemps que nous attendions ce moment. Et puis beaucoup de personnes avaient fait le déplacement pour cet évènement. Après, au moment du premier grand départ cela a été autre chose. Je tiens quand même à préciser que j’avais toujours dis que nous ne partirions pas un jour de pluie, et puis finalement c’est ce qu’il s’est passé…le temps était terrible. Le départ de Ouistreham fut donc assez épique.  Et puis psychologiquement lors de ce départ c’est comme si nous avions tout laissé de côté :  la maison, les enfants et les copains.

Denis : Pour ma part, ce sentiments de partir je ne l’ai pas ressenti directement. Je pense l’avoir vécu lorsque nous avons quitté Roscoff. C’est à ce moment-là que nous sommes sortis de ce « plan d’eau » que nous fréquentions habituellement. Pendant toute cette période, nous avions pris un skipper avec nous. Et puis après Malaga, le vrai voyage a commencé pour moi, parce que nous nous sommes retrouvés que tous les deux. Parce qu’avoir un skipper c’est bien mais ça déresponsabilise complètement. C’est donc à partir de Malaga qu’il a fallu qu’on se débrouille à deux. Et c’est là véritablement que nous avons pris possession du bateau.

V- Des leçons à retenir

Martine : Ce que l’on savait et dont on a eu la confirmation, c’est que lorsque l’on fait de la voile, il ne faut absolument pas avoir d’impératifs de calendrier. D’une part parce que cela peut devenir dangereux, mais aussi parce que on perd le plaisir d’être sur l’eau. Trouver un endroit sympa et s’y arrêter pendant quelques jours, on ne peut pas le faire avec des impératifs à respecter. C’est comme si l’on perdait l’aspect imprévisible de la navigation. Mais nous n’avons pas eu le temps de faire cela, parce qu’il fallait que l’on soit rapidement à Athènes pour rejoindre nos enfants. Finalement nous sommes arrivés avec deux jours d’avance et c’est seulement à ce moment-là que j’ai arrêté de stresser à propos de cette idée de timing.

Denis : Nous avons quand même vécu des moments compliqués durant lesquels nous nous sommes réellement demandé ce que nous faisions là. Entre Minorque et la Sardaigne, nous avons eu une panne des pilotes automatiques et un problème au niveau de la barre. Celle-ci est devenue extrêmement dure, et il fallait continuellement la tenir. Donc pendant 22 heures, on s’est relayé à deux pour la tenir. Lorsqu’on rencontre des problèmes, il faut les résoudre, et celui-ci m’a permis de me donner plus d’expérience. Par ailleurs, tout comme Martine, je regrette aussi toute cette précipitation. Et puis de ne pas être restés plus longtemps dans certains ports pour réellement en profiter et nous reposer. Parce que c’est finalement arrivé au bout du Golfe de Corinthe, à proximité d’Athènes où on devait rejoindre les enfants que d’un coup nous nous sommes détendus. Voilà pourquoi l’année prochaine, nous ne nous fixerons aucune obligation de temps.

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VI- La découverte d’endroits exceptionnels

Martine : J’ai réellement eu un coup de cœur pour la Turquie. Et notamment Kekova et le village de Kalekoy, lequel est accessible seulement par bateau. Il y a eu un tremblement de terre il y a 2 000 ans et toute la ville a été engloutie. Et lorsque l’on navigue au dessus, on peut voir les ruines à travers l’eau turquoise. On peut aussi nager juste à côté des tombeaux, dans cette magnifique eau à 29 degrés. J’ai vraiment adoré cet endroit. Nous comptons bien y retourner et y rester plus longtemps car c’était vraiment un endroit magique. Après il y avait beaucoup d’endroits vraiment incroyables comme Malaga, Athènes, …

Denis : Nous avons eu la chance de voir beaucoup d’endroits vraiment sympas et agréables. Mais l’un des mouillages les plus extraordinaires que nous avons vécu fut à Ormos Vathi où j’aurais aimé rester plus longtemps d’ailleurs. C’est sur la côté Ouest de l‘île de Sifnos en Grèce, un endroit très calme avec des restaurants et des bars sur la plage. Et puis, il y avait aussi Gocek en Turquie avec les 12 îles. C’était fabuleux et on y retournera c’est sûr et certain !

VII- Le retour à terre

Martine : J’étais très contente de rentrer, principalement parce que nous en avions marre d’avoir continuellement chaud. Plus de 40 degrés pendant 3 mois ! Mais quand je suis rentrée dans notre maison, j’ai eu envie de tout changer. Très paradoxalement, tout m’a paru très sombre et étroit, mais c’est parce que cela contrastait avec le design clair et moderne de notre bateau. Retrouver le ciel gris ça m’a fait du bien, même si aujourd’hui nous en avons un peu marre de la pluie… En tout cas une chose est sure, c’est que l’on va être content de repartir en mars.

Denis : Nous avons d’ailleurs rencontré en Grèce des personnes qui vivent à l’année sur leur bateau, mais je n’aimerais pas. A un certain moment, je commençais à en avoir marre de la chaleur, tout comme Martine. Et puis ce voyage était fatiguant, car sur un bateau il y a constamment des choses à faire, on n’est jamais totalement serein. Par ailleurs cette vie 6 mois en mer/ 6 mois à terre ça nous convient très bien.

VIII- Et après ?

Martine et Denis : Actuellement le bateau est en hivernage en Turquie. Avec la situation actuelle au Liban et au Moyen-Orient, tout notre projet de partir vers l’ouest est totalement bouleversé. Et la probabilité pour que les choses se calment d’ici mars/avril est quasi nulle. Donc nous pensons à plusieurs options pour la suite de notre voyage. Sans passer par Beyrouth, nous pourrions peut être rejoindre l’Égypte et puis passer par le canal de Suez. Mais même au sein de la mer Rouge la situation est compliquée.  Nous pourrions aussi passer trois semaines en Égypte avant de revenir petit à petit vers l’ouest. Mais tout cela ne reste que des suppositions et nous ne sommes encore sûrs de rien pour le moment. La seule chose qui est sûre c’est que ce prochain voyage se déroulera sans aucune contraintes de temps.

IX- Un petit mot pour la fin

Denis : Quand on est en retraite on s’enferme petit à petit dans une routine mais le fait de partir pendant 6 mois ça décape ! Parfois c’est même inconfortable mais cela oblige à se remuer et rester continuellement en mouvement. Et puis de temps en temps il arrive que l’on fasse, comme je l’appelle, une navigation parfaite. On sort du port, on tire la voile et là on avance tout seul. Parce que pour moi, naviguer à la voile c’est naviguer dans des conditions naturelles, avec pour seuls bruits celui du vent dans les voiles et de l’eau qui glisse le long de la coque.  Et ça, c’est tout simplement merveilleux!